Musset (Alfred, de) - La confession d'un enfant du siècle

Publié en 1836.

Au terme d'une mascarade somptueuse, la nuit s'étire en un souper fastueux. Octave, à peine sorti de l'adolescence, dîne parmi ses amis et sa maîtresse. Le hasard d'une fourchette glissée révèle l'impensable : sous le voile de la nappe, sa bien-aimée est unie à un autre, une étreinte que ses yeux décrivent comme « étroitement liés l'un à l'autre. » Le choc est brutal. L'infidélité se révèle, assenant à Octave un coup fatal. Brisé, il s'en retourne, l'esprit anéanti, « n'éprouvant rien, ne sentant rien, et comme privé de réflexion. »
Le jour suivant, sous l'œil de son ami Desgenais, Octave affronte en duel au pistolet l'amant de la veille. La défaite est amère, son bras droit blessé, mais cette épreuve scelle la fin irrémédiable de leur amour. Témoin du désespoir de son ami, Desgenais, pourtant libertin, ne parvient à saisir l'ampleur de la douleur d'Octave. Il l'initie alors aux plaisirs éphémères du libertinage, espérant noyer le chagrin de son ami dans d'autres bras.
Au cours d'une promenade, Octave croise Mme Levasseur, une amie de son ancienne maîtresse. Un dîner s'ensuit, où les confidences s'échangent, les cœurs blessés se livrent jusqu'à l'effleurement d'un baiser. Mais l'illusion se dissipe : la douleur partagée n'était qu'un artifice, un prétexte à un jeu de séduction. Octave, saisi de dégoût, s'enfuit.
Des ouvrages exaltant le libertinage lui parviennent, semant davantage la confusion dans son esprit déjà troublé. La Bible, vers laquelle il se tourne, ne lui offre aucun réconfort. Son désespoir, tel un linceul, l'enveloppe, le poussant à errer des nuits entières, assis sur un banc, face à la demeure de celle qu'il a aimée. Dans un élan de folie, il échoue dans un cabaret, où l'alcool noie ses sens. Une femme l'aborde, lui offre quelque consolation, mais l'ivresse le piège : dans son délire, il croit reconnaître les traits de sa maîtresse, sombrant alors dans l'excès le plus sombre.

10 eaux-fortes par Paul Léon Jazet